DISCOURS D’OUVERTURE DU 25ème CONGRES NATIONAL DE LA SECURITE PRIVEE : JEAN-PIERRE TRIPET, PRESIDENT
- Pascal PAIN Source : SNES | 28
- 2 juil. 2017
- 6 min de lecture

Monsieur le Préfet, Philip Alloncle, Délégué à la coopération de sécurité, représentant Monsieur le Ministre de l’intérieur, Monsieur le Président du CDSE, cher Alain Juillet Mesdames, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs les Partenaires fidèles du Congrès National de la Sécurité Privée, Chers Consœurs, chers Confrères, Chers Amis,
Le Conseil d’Administration se joint à moi pour vous souhaiter la bienvenue au 25ème Congrès National de la Sécurité Privée. Le SNES fête en cette année 2017 son quart de siècle. Vous le savez notre regard est tourné vers l’avenir et ce quart de siècle est le socle de la nouvelle sécurité privée. Comprendre le passé comme une préparation du présent, expliquer le présent comme le résultat du passé et, peut être même, faire des conjonctures sur l’avenir en tirant parti de l’un et de l’autre. Ces quelques mots d’Arthur Maurice Hocart, illustre bien ce qui constitue l’ADN du SNES, qui se refuse à la fossilisation des idées.
Nous parlons aujourd’hui de sécurité augmentée ! Augmentée dans tous les sens du terme je l’espère, et je suis sûr d’être ici compris par tous.
Parce que sans valorisation de nos agents, de nos prestations, de nos entreprises, le formidable potentiel professionnel que constitue notre secteur d’activité pour notre pays, pour son économie et surtout pour la sécurité globale des concitoyens, demeurera une arlésienne.
Ce qui dans le contexte sécuritaire que nous connaissons aujourd’hui ne manquerait pas d’être un gâchis impardonnable. C’est la raison pour laquelle le Conseil d’Administration du SNES 2015-2017 a choisi pour thème de nos travaux de Nice : « La sécurité privée de demain, c’est maintenant ». Au-delà des mots et des apparences, tel est bien l’enjeu.
Le fait d’avoir choisi pour cette 25ème édition, Nice et la Promenade des Anglais, vous l’imaginez tous, cela n’a rien d’anodin. Ce challenge que nous nous sommes fixé, ensemble, depuis 2015, pour tracer les contours d’une nouvelle sécurité privée est encore très loin, trop loin dirais-je du but à atteindre.
Pourtant et nous y reviendrons ensemble cet après-midi, on perçoit au travers de quelques dossiers phare les contours que pourrait prendre un secteur privé de sécurité renforcée et augmentée.
1/ L’armement bien sûr :
Nous n’étions pas demandeur. Nous avons surtout été surpris par l’amendement inattendu sur l’armement catégorie D réputé non létal ! Mais, l’Assemble Nationale souveraine s’est prononcée en donnant donc toute sa légitimité républicaine à cette évolution pratique et considérable pour notre secteur privé.
Nous nous sommes donc, depuis février mis à l’entière disposition de la DCS, de la DLPAJ et du CNAPS pour apporter notre concours étroit à l’élaboration, toujours en cours, du décret d’application. Notre souci de praticien est bien sûr la faisabilité de l’application des dispositions qui seront retenues. Nous avons mobilisé et mis à contribution nos experts en armement et en formation. Nous avons pris note des très grandes réserves émises par nos partenaires sociaux pour ne pas dire plus.
Mais, désormais, il nous semble après la décision du Sénat et de l’Assemblée Nationale, qu’on ne peut reculer face à ce qui constitue aussi une avancée incontestable dans la reconnaissance de notre légitimité, de notre utilité et nous l’espérons de notre contribution essentielle à la sécurité générale. Mais cette nouvelle mission qui en annonce peut être d’autres, moins spectaculaires mais aussi utiles, vient nous obliger et nous responsabiliser. Nous y reviendrons cet après midi.
2/ Le Second enjeu majeur parfaitement en ligne avec les exigences découlant du premier : La formation.
La formation est l’avenir de la nouvelle sécurité privée.
Nous avons poussé très loin tous les dossiers allant dans ce sens : entrée des organismes au CNAPS, instauration d’une formation continue obligatoire au travers du MAC tous les 5 ans, CQP protection des sites sensibles, autant de sujets dont nous évoquerons cet après-midi. Chacun doit en être pleinement conscient, la formation c’est aussi des coûts budgétaires significatifs qu’il faut pouvoir assumer. L’agent augmenté est un joli qualificatif qu’il faut aussi prendre au pied de la lettre.
J’insiste.
La sécurité privée malgré les beaux discours des uns, reste considérée par les acheteurs, tant publics que privés comme une dépense et non comme un investissement. Il y a là, mon cher Alain, et pourquoi ne pas le dire, il faut remettre le Directeur Sécurité au cœur de l’entreprise et que son choix dans un appel d’offre soit le premier critère avant celui de l’acheteur. Parce que l’économie sur le prix de la prestation pourrait se transformer en bérézina pour le patrimoine de l’entreprise cliente.
On fait face à cet état de fait depuis longtemps, et on continue à y faire face en faisant preuve d’inventivité, d’innovation de performance, mais il y a des limites que nous ne pouvons pas dépasser au risque de rendre nos entreprises exsangues. Dans ce contexte hyper concurrentiel : financer les nécessaires et indispensables formations obligatoires ou pas, demeure économiquement une difficulté d’ampleur et une charge considérable pour le secteur.
Voilà pourquoi, le SNES, au risque de se répéter, renouvelle sa demande pour que s’engage un effort très significatif de modernisation professionnelle par la mise en place d’un “Plan d’urgence de financement des formations obligatoires et préalables “au travers de l’utilisation des excédents de la taxe CNAPS. Ce chantier ouvert depuis longtemps maintenant, patine et ne voit pas le début d’une concrétisation. Le temps est venu que le Ministre de l’Intérieur lui-même s’en saisisse par votre intermédiaire Monsieur Le Préfet puisque vous êtes notre 1er référent au travers de la DCS, et je sais que vous vous en faites également une priorité. Il nous faut avancer, l’urgence économique sécuritaire et professionnelle est là.
3/ Le 3ème enjeu que je souhaite souligner : c’est celui du dialogue social et de notre représentativité sur l’échiquier patronal.
Le haut commissariat au dialogue social a consacré la représentativité patronale du SNES. Je ne reviendrai pas sur les chiffres. Celle-ci nous permet, comme par le passé d’ailleurs, de signer des accords majoritaires susceptibles d’extension. Nous ne nous en priverons pas, lorsque cela sera nécessaire et possible.
Par contre : En aucun cas la signature de notre confrère patronal n’est indispensable à l’extension d’un accord dans notre branche ! La volonté du SNES est de construire un dialogue social moderne, ouvert, avec nos partenaires représentant les salariés, tout comme avec nos confrères patronaux.
Le dialogue social ne doit pas être et ne sera jamais au sein de notre profession au moins tant que le SNES existe, le règne de l’interlocuteur unique. Mais et c’est là l’essentiel, le dialogue social doit prendre en compte la réalité et la faisabilité économique et financière des entreprises. Sans parler de la nécessaire adaptabilité aux évolutions des besoins des clients et du métier.
C’est la raison pour laquelle, le SNES a pris l’initiative d’une réunion commune avec l’USP qui se tiendra début juillet et portera sur le thème d’actualité alarmant des tensions tarifaires à la baisse et des distorsions de concurrence qui en découlent et pèsent sur la professionnalisation du métier.
Il faut appeler un chat un chat et prendre des dispositions et des initiatives communes pour peser sur les évolutions négatives du marché.
Voilà Mesdames, Messieurs, ce sur quoi, en ouverture de ce 25ème Congrès, je souhaitais vous sensibiliser.
Monsieur Christian Estrosi, Maire Nice et Président de sa Métropole nous fera l’honneur après notre déjeuner d’ouvrir officiellement nos travaux et ne manquera pas de prendre la hauteur nécessaire sur l’ensemble des problématiques sécuritaires auxquelles notre pays est confronté.
Le Président Emmanuel Macron viendra lui-même avec son Ministre de l’intérieur le 14 juillet prochain ici à Nice pour un triste premier anniversaire. Voilà qui donnera à n’en pas douter toute son importance au thème que nous avons choisi pour ce congrès « La sécurité privée de demain, c’est maintenant »
Et puisque nous sommes aux premières marches de la nouvelle équipe gouvernementale et que nous ne connaissons pas encore la doctrine qui sera adoptée vis-à-vis de la sécurité privée dont il a été si peu question durant la campagne présidentielle. Permettez au responsable patronal de longue date que je suis, de conclure par un souhait Monsieur le Préfet Philip Alloncle, merci de bien vouloir transmettre en haut lieu nos réflexions :
Pardonnez moi l’expression mais justement elle est explicite : plutôt que de «saucissonner” au fil des temps les évolutions accordées à la sécurité privée : n’est il pas temps ?
De globalement définir et reconnaître, puis cadrer précisément le nouveau statut de la sécurité privée dans le contexte de la sécurité intérieure. De le positionner finement par rapport à la sécurité publique et la police municipale ? Pour donner toute sa dimension et pertinence et son efficacité à la coordination, il serait légitime aussi d’élargir par exemple l’accès sur la voie publique pour les sociétés de sécurité privée. Que l’agression de nos agents devienne un fait aggravant devant le tribunal.
Je soumets aussi cela à vos réflexions à tous. C’est ensemble, que nous avancerons. Et pour avancer il faut un chemin, une boussole et une destination. Je compte sur vous à l’occasion de ce congrès, pour écrire la feuille de route de la nouvelle sécurité dont a besoin la France.
Les ressources du SNES par la composition de ses chefs d’entreprises représentent un avantage, je suis en accord avec Alvin Toffler qui souligne « Les penseurs militaires découvrent que des unités plus petites comme les petites et moyennes entreprises dans la guerre compétitive ont plus de ressources pour emporter la décision ».
Je suis convaincu que ce 25ème congrès, par nos échanges nous permettra d’avancer sur cette exigence. Et je suggérerais aujourd’hui le thème d’après, il faut déjà y penser :« En avant vers une sécurité renforcée et augmentée ».
Merci de votre attention, et bons travaux. Bon appétit
Nice, le 22 juin 2017, Congrès National de la Sécurité Privée 2017
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